Rue de la Rhode

Rue de la Rhode

 

 

La rue de la Rhode racontée

Par Vincent Albas

Elle débute à l’extrémité du Pont Vieux par un bâtiment aujourd’hui détruit que nous appelions : « le moulin à Olard ».

Ce moulin était déjà désaffecté dans ma jeunesse. Vivait là, une famille d’ouvriers de la scierie Olard : les Mikaela-Jaureguy. La complexité de ce nom venait d’une erreur de l’état civil : à l’origine Mikaela était un prénom, Jaureguy le vrai nom, mais c’est ainsi que nous avons toujours appelé Georgette, Marthe et René, un ami très cher, trop tôt décédé.

Le contremaître de la scierie, M. Capis, logeait à l’arrière du moulin ; sa fille, couturière de profession, a appris le métier à beaucoup de jeunes Quillanaises. Elle épousa un joueur de rugby de la « Grande Époque », nommé Flamand qui, devenu veuf, se remaria avec une vieille fille de la famille Gitareau dont la demeure faisait face au moulin, quai du Pouzadou. La famille Gitareau vit toujours là.

Côté droit

Un peu à flanc de colline, c’était la maison d’une célibataire que nous faisions inquiéter en l’appelant « La Jeannette ». Elle était, je crois, la soeur de Clanet, un braconnier célèbre qui passait ses nuits dans la rivière avec son épervier et fournissait en truites tous les notables de Quillan.

Combien de fois ai-je grimpé cette colline jusqu’au soubassement du château ?
Un peu plus loin, j’ai vu creuser sous la montagne un garage en forme de voûte.

Je pense qu’il devait appartenir à M. Gayda, greffier au tribunal de Quillan ; en ces temps-là nous avions encore un « Hôtel de Justice ».
Et nous voici devant la maison Paris. Le père était le chauffeur et homme de confiance du Dr. Cyprien Bouchère dont la bonne réputation et la forte personnalité attiraient des patients venus de loin, il soignait en effet les maladies tropicales. Après l’incendie de sa maison, le docteur déménagea à Belvianes.

M. Paris faisait tous les jours le trajet en « automobile » et venait déjeuner rue de la Rhode avec ses deux filles, mariées : Mmes. Mathieu et Pech.

Les voisins immédiats étaient les Raynaud, dits « Majourdot ». Le père travaillait à la scierie Pons et ne manquait pas son apéritif quotidien. Son épouse prenait du travail à domicile, garniture de chapeaux pour le compte des Ets. Bourrel. Je les ai très bien connus ainsi que leurs deux enfants : Marcelle épousa Riols Emile le charron et Etienne, cuisinier à Toulouse, devait terminer sa carrière dans un restaurant américain. Voici une famille de trois enfants les Olive. La mère, familièrement appelée « la Pampelune », vivait du fruit de son potager ; elle vendait ses légumes les mercredis et samedis sur la place de la République. Le mari de sa fille aînée, Bernat, de Marsa, lui donnait un coup de main. Son fils Antoine préféra s’envoler pour le Sénégal ; nous l’appelions « L’empereur de Kaolac ».

La benjamine épousa un Caux, comptable à la Tournerie Pons. Leur fils André possède toujours une maison Rue de la Rhode.

Nous arrivons chez les Viala. Elle, était, je crois, institutrice et lui charron. J’ai le lointain souvenir d’avoir vu ferrer dans la rue des roues en bois. Eux disparus, la famille Bos a pris leur place et André Bos est encore là aujourd’hui.
En passant, je dois signaler que j’ai créé là, mon premier atelier de « Plomberie, Zinguerie, Sanitaire » fin 1953.

Et nous voilà arrivés à la grande maison Chouzenoux. Je l’ai toujours vue construite. Le père Jean Chouzenoux, un brave homme, était venu de son Auvergne natale et avait épousé une Melle. Sanrame d’une famille quillanaise. Il exerçait la profession de ferrailleur et ramasseur de peaux de lapin et de sauvagines.

Il avait démarré, d’après ses dires, dans des conditions difficiles, mais il faut croire que le métier nourrissait bien son homme. Il eut cinq enfants. J’ai bien connu Élise l’aînée, épouse Massette ; elle tenait une épicerie rue Anatole France mais rentrait tous les soirs avec son mari Ernest pour dormir dans leur maison au fond de la rue.
André et Louis faisaient prospérer l’affaire familiale : ils récupéraient les métaux non ferreux et les chiffons ; ils faisaient aussi le « carbonisage des laines ». En 1939, ils vendirent leur stock et firent, paraît-il, une bonne affaire. Mais les deux frères furent mobilisés.

Le plus jeune qui continuait le ramassage des peaux devait disparaître prématurément.

Aimée assurait la gestion de cette affaire familiale. (On ignore les raisons qui poussèrent cette jeune fille à mettre fin à ses jours dès la fin de la guerre).
Ils habitaient tous ensemble dans la grande maison, même après le mariage des deux frères.
Monsieur Jean, comme nous avions l’habitude de l’appeler, nous fit gagner à mon frère et à moi, nos premiers 100 francs. J’expliquerai plus tard comment.
Une grange jouxtait ce grand bâtiment ; elle appartenait, je pense, à la famille Cauneille ; elle devint par la suite la grosse réserve de fromage du fils Jean qui en faisait le commerce. Au dépôt de bilan de son entreprise, ma mère me pressait d’acheter ce bâtiment, je ne l’ai pas fait, j’avais d’autres chats à fouetter. Je devais l’acquérir plus tard, regrettant que ma mère n’ait pu le voir. Et c’est ainsi que j’ai eu le plaisir de l’offrir à mes enfants Serge et Régine.
Au n°16 de le rue, Angel Albas et Pauline achètent leur maison en 1926.

Le garage était occupé par Alcide Michau, boucher de son état. Au premier, une vieille femme veuve d’un militaire vivait dans une saleté repoussante ; les toiles d’araignée descendaient à hauteur de visage nous étions voisins et fortement incommodés par cette promiscuité. Cela ne dura pas, elle devait bientôt décéder, sans héritiers. L’huissier de Quillan vendit ce bien à mon père et il eut beaucoup de mal à remettre l’appartement en état (désinfection au soufre pendant un mois).

Nous possédons un beau miroir venu de cet héritage qui aurait pu être plus important s’il s’était passé aujourd’hui, ignorance de mes parents, jeunesse de nous deux, mon frère et moi…
Au deuxième étage les Bénassis et les Sanchez logeaient misérablement dans deux pièces.
Au 18, la maison appartenait à la famille Fourty-Delmas dont l’usine à chapeaux devait brûler par manque de matériel contre l’incendie. Deux locataires : les Vergès et leurs trois filles vivaient en bonne amitié avec Roland François, le menuisier. Nous avons tous conservé de très bonnes relations.
Un peu plus loin, c’était la maison Oustric. J’ai toujours vu dans le jardin, ce Monsieur à la barbe blanche. Je n’ai jamais su quelle était sa profession mais sa fille était mariée au fils de Joaquin Estrade l’ingénieur du barrage de Puyvalador et qui électrifia en fait toute la vallée.

Venait ensuite, la maison du menuisier Ferrié et sa nombreuse famille ; je rencontre encore certains de ses enfants.
Le jardin des Rouan-Calmet, surnommés « Bauzeille », était bien cultivé jusqu’au pied du coteau, une baraque touchait la rue.
La famille Jammes, après l’incendie de son usine vint s’installer et faire des chaises dans un petit bâtiment appartenant aux Dreux de la Grand’rue et qui servait de basse-cour. M. Dreux venait tous les jours nourrir ses volailles et autres pigeons. La volière de M. Dreux a été transformée récemment en un saloir ultra moderne par Jeannot Moniès.

Le poste E D F était en service. Bien plus tard, Georges Rolland construisit son garage-atelier, il existe encore. Et nous sommes au pied de la montagne.
Un chemin à échelle, montait jusqu’aux oliviers de « Baouzeille », ce qui permettait à ma mère d’aller étendre ses draps. Combien de corbeilles de linge ai-je pu monter par ce sentier, car ma mère, à cette époque, faisait des ménages et aussi des lessives pour quelques familles aisées du quartier, et il fallait que tout soit bien blanc et sec ; c’est pourquoi j’ai souvent escaladé la pente pour l’aider, et étudié mes leçons pendant qu’elle « ramassait » et pliait sa lessive.
La rue se rétrécissait tout d’un coup, ne laissant entre le versant de la montagne et les bâtiments de la tournerie Pons qu’un étroit passage. Donc, la rue de la Rhode était presque une impasse. Cette anomalie fut assez vite corrigée, et nous pûmes rejoindre la route nationale avec des véhicules de tous gabarits.

Notre vigne de « Cassagne », rendue ainsi plus accessible, mes parents purent mieux travailler ce bout de terre qui était toute leur vie.
Tel était le côté droit de la rue où j’ai passé toute mon enfance avec les petits galopins de mon âge.

 

En repartant du Pont Vieux, voici le côté gauche :

D’abord les établissements Canavy. On y broyait une pierre blanche, du talc de Roquefort. Nous entendions toute la journée le roulement des concasseurs alimentés par les ouvriers.
La bâtiment s’arrêtait aux limites d’un parc au fond duquel se trouvait la maison du Dr. Bouchère qui donnait directement sur la rivière. C’était une belle demeure dans laquelle on accédait par quelques marches. J’étais encore bien jeune, mais je me souviens du jour où un incendie devait la détruire (j’ai déjà évoqué ce désastre dans la première partie de mon récit). Pourtant je ne peux encore m’empêcher de penser à M. Paris arrivant pour déjeuner en automobile !

Le parc, quant à lui, a eu des fortunes diverses : pendant quelque temps les pierres blanches du talc y furent entreposées.
Antoine Journet propriétaire du bar « Le Palace », en fit une aire de loisirs avec piste de skating et des bals animés par un pick-up. Il installa même dans l’ancienne usine Canavy une salle de spectacle et de cinéma.
Plus tard l’église fit l’acquisition des restes de la maison Bouchère et le parc fut mis à la disposition des enfants du patronage.
Il semble aujourd’hui être tombé en désuétude.

La maison Nicoleau, construite dans le parc mais dont la façade donne sur la rue, a accueilli les premiers gitans sédentaires de Quillan : la famille Amador. Le père avait pour mission de capturer tous les chiens errants. Il s’acquittait de cette tâche avec un sérieux qui faisait mon admiration. Il avait un fils et deux filles, l’une d’elles, Poupée, était très jolie. Ils sont restés très longtemps à Quillan.
Aussitôt après, une grande cour donnait sur un bâtiment aujourd’hui démoli « l’abattoir de Quillan ». Tous les bouchers et charcutiers de la ville en avaient fait leur domaine. Alors, passaient par cet abattoir, toute l’année, bœufs, vaches ou moutons. Cependant aux environs de Noël, nous étions autorisés à aller y saigner notre cochon (élevé par mes parents dans notre maison). Guillaumou était l’exécuteur du pauvre animal. Celui-ci était ensuite échaudé ; il fallait faire beaucoup de feu pour chauffer assez d’eau. C’était ce qu’on appelait : escaudura le porc.
Le vétérinaire, Théobald Crouzel, mais était-ce bien son nom, avait beaucoup de mal à se faire respecter avant d’apposer son estampille rouge. Mais en ce temps-là, les viandes étaient saines car les bêtes étaient élevées naturellement.

Nous étions loin des nouvelles installations de Marides !

Faut-il ou non en parler ? Pourtant, tous les déchets de l’abattoir échouaient dans l’Aude qui recevait par ailleurs d’autres immondices. Un petit chemin très pentu descendait en effet jusqu’au bord de la rivière où les femmes du quartier allaient jeter les seaux hygiéniques le soir, et laver leur linge dans la journée.
L’Aude c’était l’égout de Quillan.

L’abattoir était séparé par un mur assez haut percé d’une petite porte, de la propriété du docteur Azaïs, militaire de son état, il l’habitait rarement.
Durant de longues années, ce furent mon oncle Antoine, le frère de ma mère et son épouse Consuele, sœur de mon père, qui entretinrent la maison et cultivèrent le grand jardin. Au début de la guerre 39/45, le Dr Azaïs, remplaça les médecins de Quillan mobilisés. Il avait établi un cabinet de consultations dans sa villa. J’ai gardé le souvenir des deux bassins de son jardin où nageaient des poissons rouges et du grand tilleul dont nous cueillions les fleurs. Une petite cicatrice que j’ai gardé au front, me rappelle une chute dans l’escalier de pierre, il existe encore comme le jardin.
Ces jardin qui bordent la rivière sont séparés des maisons de la rue par un petit chemin.

Passée la cour de l’abattoir, dans la maison suivante ont vécu bien des personnes : les Pédano, les Barreau, les Hortet et beaucoup de jeunes mariés. M. Pédano agrandit plus tard ce bâtiment dont il est toujours propriétaire. Divisée en deux la maison est encore occupée à droite par Mme. Hortet. Adrien Caussidéry transforma la grange voisine, ancienne étable, en une belle maison.
Et nous voici au jardin de la famille Olive dite Pampelune. Céleste, incontournable, vendait les légumes de ce potager sur la place de la République les mercredis et samedis. Son fils Antoine, parti au Sénégal, fit construire une maison sur la partie du jardin dont il hérita .Marié à une veuve italienne, il eut deux enfants. Sa sœur, Mme. Caux, travaillait à la tournerie, elle hérita d’un hangar donnant sur la rue. Cette famille Caux en fit sa demeure pendant de longues années et leur fils André en a fait une belle maison.

Et nous arrivons au jardin des Bénet, épiciers dans la Grand’rue ; commerçants aisés, ils employaient deux ouvriers, Jaumet et Martin. Ce couple venait tous les jours au jardin, et, de la fenêtre de notre cuisine, je les voyais se reposer avant leur retour parmi les boîtes de conserves. Plus tard, ils firent construire trois garages. Leurs deux filles étant mariées du côté de la Bretagne, l’ensemble fut vendu et les acquéreurs, M. et Mme. Sire démolirent le tout pour y construire un belle maison.

Émile Riols, le charron, travaillait dans ce qui est devenu la propriété Sire et je l’ai vu ferrer bien des roues de charrettes. À son retour d’Allemagne où il fut prisonnier, il me fabriqua une caisse à outils et une échelle. Son atelier était le rendez-vous de tous ses amis chasseurs, dont mon frère. Hélas, il mourut jeune.
Employé à la maison Bénet et descendu de son St. Julia natal, M. Bénet fit construire sa maison où il vécut avec son épouse. Occupée par de nombreux locataires, elle a finalement été achetée par Mlle. Dubois, employée à la M S A.
Nous voici déjà à la grande maison Jammes. La mère, que j’ai toujours connue veuve, avait une belle chevelure blanche, donc, nous l’appelions : « la Pel Blanco ». L’un de ses fils Henri, menuisier de son état, se mit à fabriquer des chaises. Son affaire prenant de l’ampleur, il fit construire un atelier derrière la maison. Malheureusement, un incendie le détruisit. Il le fit reconstruire de l’autre côté de la rue dans le jardin Rouan-Calmet.
La maison est devenue par la suite la propriété de la famille Canavy, maquignons et anciens bouchers. Jean et Annie Canavy vivent là avec leurs deux enfants, face à la maison de Régine et Serge et une très grande amitié unit les deux familles.

Un passage assez étroit sépare encore cette maison de celle des Bouzon-Audouy. Le fils, Louis Audouy, le sourd, épousa Justine. Marinette resta célibataire ; ils vécurent dans cette maison, aussi loin que je me souvienne. C’étaient de très braves gens sans histoires et quel événement quand, après une opération, Louis put entendre à nouveau !
Et voici une baraque en planches un peu en contrebas de la rue et accessible par un escalier.

Vivait là une grand-mère assez âgée surnommée « La Taillette ». Peut être par mariage, les Rolland étaient-ils entrés dans cette famille ? Toujours est-il que dès la fin de la guerre en 1945, ils firent construire la maison toujours occupée par Georges Rolland (ex-cadre de la régie électrique).

Vient ensuite le bel immeuble de la famille Fourcade. Le grand père avait une très bonne situation aux Ets. Bourrel. Il acheta en outre un beau terrain dont il fit son jardin, ce terrain est encore le seul non bâti sur le côté gauche de la rue. Depuis cette maison à changé de propriétaire.

La fille aînée des Chouzenoux, Élise, mariée à Ernest Massette tenait une épicerie, rue Anatole France, mais ils rentraient tous les soirs dans leur maison, elle jouxtait le jardin des Fourcade. Leurs héritiers l’ayant vendue, j’ignore le nom des nouveaux propriétaires.

Nous arrivons au grand dépôt à ciel ouvert des frères Chouzenoux. C’est là qu’ils faisaient le tri des divers métaux : alu, plomb, cuivre, fer, etc. Juste avant la guerre, ils vendirent une grande partie du stock. Plus tard ils firent construire un bâtiment dont les usages ont été divers : dépôt, garage et enfin appartements.
La rue de « la Tournerie, » séparait ce bâtiment de la tournerie Pons.

C’est là que de nombreux Quillanais se sont familiarisés avec le travail du bois. Le concierge Auteza et sa famille vivaient au premier étage. Leur fils Serge était de l’âge de mon frère.
Après la fermeture de cette usine ils rejoignirent leur pays catalan.

Avant d’aller habiter dans sa maison, Françoise Olive la secrétaire occupa un temps ce logement.

 

J’ai vécu dans cette rue, avec ma famille jusqu’en 1958, date à laquelle nous nous sommes installés Jeannette et moi, boulevard Jean Bourrel. La rue de la Rhode est la plus large de Quillan et pour moi la plus belle, car au rythme de cette rue j’ai vécu toute mon enfance, mon adolescence et aussi mes premières années d’homme adulte.

Rien que de bons souvenirs !

 

Vincent Albas

 

 

 

La rue de la Mairie

La rue de la Mairie

 

 

La rue de la Mairie

Par Vincent Albas

Nous allons parler aujourd’hui de souvenirs très anciens, comme le chante Charles Aznavour. « C’est une époque que les moins de « cinquante » ans ne peuvent pas connaître… », et pourtant !

De la place de la République, une voie s’ouvre vers l’hôtel de ville, c’est tout simplement la rue de la mairie.

Suivons-la du côté droit à partir de l’angle de la pharmacie Rey-Dussert devenue plus tard Gaston Prévost où l’on fabriquait encore des « poutingues ». La maison mitoyenne de la pharmacie appartenait à la famille Courtade, également propriétaire de l’île, qu’il léga à sa fille Germaine épouse de Hérédia, célèbre organiste.

À côté, Antoine Maury et son épouse distribuaient du lait frais qu’ils recevaient de je ne sais où : des vaches du domaine de « l’Ange Gardien » ou de l’Espinet.

Une petite rue traversière, la rue Corneille, fait communiquer la rue de la mairie et la Grand’rue.

Juste après, en angle c’était la maison « Balès, Vêtements sur mesure et confection ».Très longtemps on a pu voir assis dans la position des professionnels le père et le fils bâtir un veston ou ajuster la ceinture d’un pantalon. La boulangerie Audié à remplacé depuis plusieurs année déjà l’atelier des tailleurs.

Et nous retrouvons la famille Maury : Monsieur travaillait dans le bâtiment et Madame nous faisait savourer son excellente charcuterie .

J’ai gardé des « Docks Méridionaux » gérés par les Vordy, le souvenir des longues files d’attente des clients qui essayaient de trouver des denrées alimentaires contingentées pendant les sinistres années de la dernière guerre. J’entends encore la réponse sans appel de la mère Vordy : « C’est fini il, n’y en a plus ! ».

La maison Goize communiquait avec la Grand’rue comme aussi celle des Capela marchands de chaussures qui bénéficiait de deux vitrines : une rue de la mairie, l’autre Grand’rue.

Face à la mairie, une famille de vieux Espagnols, les Barbano, avait ouvert une épicerie. Je me souviens avoir vu passer rue de la Rhode, le maître des lieux, Amado ; il faisait des tournées dans les quartiers éloignés avec un petit cheval attelé à une « jardinière ».

Nous arrivons à la boucherie Boyer ; devenue veuve Mme Boyer céda son commerce à la famille Escur qui émigra plus tard Grand’rue.

Quelques maisons louées, Ferrand, Bousquet, Marty et d’autres dont j’ai oublié le nom… puis voici les marchands de tissu Courtade, leur immeuble communiquait avec la Grand’rue où s’ouvrait la vitrine de leur magasin.

Il en était ainsi de la pâtisserie Erminy, devanture Grand’rue, mais laboratoire rue de la mairie. Félix Erminy était une figure emblématique de Quillan. Pâtissier émérite il attirait de nombreux clients, musicien et comique à ses heures, c’était aussi un excellent joueur de rugby.

L’angle de la rue de la mairie et de la petite rue traversière, la rue Molière, jusqu’à la Grand’rue, c’était la maison de la famille Escudié « armes et cycles », magasin Grand’rue bien sûr.

On trouvait ensuite la demeure de quelques vieux Quillanais et aussitôt après, les chais et caves à vin des Crussol et Jammet, qui jouxtaient la rue de la Paix.

Reprenons donc notre rue en sens inverse en direction de la place de la République.

Nous commençons par la belle demeure des Bonnel, notaires de père en fils. Retraités, ils résident toujours à Quillan. L’étude a, depuis, été transférée dans la Grand’rue.

Une autre épicerie Barbano, survivait grâce aux nombreux Espagnols émigrés qui ne pratiquaient pas très bien le français et trouvaient là à qui parler.

Tout à côté, les Miquel, commerçants grossistes ont rendu bien des services aux Quillanais durant les années noires de la guerre.

Accolées les unes aux autres quelques maisons faisaient suite (j’ai aujourd’hui oublié les noms des propriétaires ou locataires).

La grange des Boyer fut, pour autant que je m’en souvienne, le théâtre d’un grave accident.

Nous voici devant la boulangerie Durand devenue plus tard Lacroix. La maison a été achetée par la municipalité car elle était mitoyenne de la mairie. L’ensemble est devenu l’Hôtel de Ville, superbe bâtiment qui avait déjà été aménagé dans un ancien hôtel particulier du XVIIe siècle (Hôtel d’Espezel). Il évoque pour moi bien des souvenirs de famille : c’est là que mon père vint déclarer mon arrivée au monde en 1923, que je me suis marié en 1948 et que j’ai déclaré à mon tour la naissance de mon fils en 1951.

Cet immeuble a gardé sa façade d’origine, et subi plusieurs transformations internes. Au rez de chaussée, fut installée la première école maternelle. Elle s’ouvrait sur une petite cour murée. Bien plus tard, transformée en appartement, elle servit de logement à Antoine Baux, descendu de son Marsa natal. Il était appariteur et, son clairon aidant, il parcourait les rues de la ville en criant des annonces oh combien diversifiées. Il était aussi chargé de fermer et d’ouvrir les portes de l’abattoir.

La petite cour devint un jardinet toujours hautement clôturé, puis, après la démolition de la clôture, le parking de nos édiles municipaux. Louis Bergeron (agent de ville et appariteur) et sa famille succédèrent aux Baux. Les bureaux municipaux occupaient le premier étage.

Passée la petite place de la mairie, un grand immeuble appartenait à un menuisier des Ets Jean Bourrel.

Nous arrivons chez Latour (librairie, papeterie, couronnes mortuaires, etc.). C’est là que nous achetions les plumes gauloises ou sergent major, l’encre violette ou noire selon l’humeur de nos instituteurs. Je me souviens des couronnes mortuaires dont le décor floral était en perles de verre à dominance violet et blanc qui pendaient du plafond. Cette boutique changea de nom et devint Capela mais ne subit pour autant aucune modification notable.

L’horlogerie-bijouterie Dandine, devenue plus tard Régnier, réparait nos montres et pendules.

Chez Gayda, c’était le domaine d’un pauvre homme le vieux Rouyre. Comme la plupart des maisons de Quillan, la sienne ne possédait aucun sanitaire. La nuit venue, il allait satisfaire ses besoins naturels au Pont vieux où se trouvaient les toilettes de la ville.

Madame Merou et ses filles « tissus et passementeries » faisaient le bonheur de toute la gent féminine de Quillan et des alentours.

Et nous voilà parvenus à l’angle de la rue de la mairie et de celle de l’église chez Louis Aragou, boucher, le père de notre Maire.

Tous les souvenirs que j’évoque me sont personnels. Je ne suis pas un historien, donc, que le ciel me pardonne quelques oublis. Ni mes enfants, ni mes petits enfants ne m’en tiendront rigueur.

 

Vincent Albas

 

Rue de la Mairie Quillan
Rue de la Mairie. Quillan
La rue de l’Eglise

La rue de l’Eglise

 

 

La rue de l’Église.

Par Vincent Albas

 

 

Natif de la rue de la Rhode où j’ai longtemps habité, j’ai franchi le Pont Vieux quatre fois par jour durant de longues années, traversé la place de la République, apprécié l’ombre de ses platanes en été et l’abri du bâtiment des halles les mois d’hiver.

Et me voilà rue de l’Église, elle n’était pas encore piétonne et il fallait se garer sur des trottoirs fort étroits.

En montant vers l’église et sur la gauche, à l’angle de la place, je trouvais la quincaillerie Merle qui distribuait toutes sortes de produits métallurgiques et autres ustensiles.

Un peu plus haut, c’était l’épicerie-primeur Maury tenue par la famille de Lucien Maury, résistant, officier de la Légion d’Honneur et de son frère Georges Maury, tous deux honorablement connus dans la Haute-Vallée.

Quelques pas plus loin Rosa Bertrand, une figure emblématique de la rue, nous proposait, avec son inimitable verve, des friandises en tous genres au milieu des bouchons de liège et de divers objets hétéroclites.

À l’angle de la rue du Sault, en face Rosa Bertrand, c’était la charcuterie Pibouleu. Certes, le commerce n’existe plus mais la famille vit toujours dans cet immeuble.

Au-dessus, faisant angle avec la rue Félix Armand, la boulangerie Delmas offrait le pain du jour et les viennoiseries dont la bonne odeur embaumait la rue.

Marie Cauneille tenait aussi son épicerie face à la boulangerie rue Félix Armand. Beaucoup d’anciens Quillanais se souviennent encore avoir habité au-dessus de chez la Marie.

Et me voici au bout de la rue devant la maison Rivière dont une façade amorçait la rue du Berger.

À mes pieds, une mosaïque (malheureusement disparue à la suite de travaux dans les années 60), préfaçait l’entrée du porche de l’église. Il n’y avait pas encore de pigeons en ce temps-là mais les allées et venues des hirondelles vers leurs nids sous la voûte du porche.

Il m’arrivait de rencontrer le Chanoine Émile Mounet venu dire sa messe matinale et aussi, sortant du presbytère, Mademoiselle Marie, la dévouée servante de ce saint homme.

De bonne heure Émile Bouchou, le carillonneur, avait déjà tiré les paresseux du lit avec son angélus du matin et maintenant les cloches appelaient les fidèles à la messe de sept heures, bien fréquentée alors.

Dans l’église, les familles louaient leur place à l’année et Marie Sauzède leur louait des chaises au mois ou pour une cérémonie.

Au retour je reviens sur mes pas vers la place de la République.

Je passe devant la maison des Lestendie démolie pour agrandir le parvis.

Vient ensuite la boulangerie Siret-Taillefer qui déménagera plus tard rue Victor Hugo.

Attenante à la boulangerie, une belle devanture où il m’était impossible de ne pas m’arrêter, la pâtisserie Llaurens exhalait des parfums irrésistibles de vanille et de chocolat.

A l’angle de la rue du Sault, la Veuve Péchou n’avait pas sa pareille pour fabriquer des biscotins avec ou sans amandes. Devant sa porte et suivant la saison, elle vendait dans des corbeilles en osier les légumes de son jardin que nous qualifierions aujourd’hui de « Bio ».

Aussitôt après, un magasin de tissus était tenu par deux femmes de la même famille : les Françonnettes. Il était fréquenté par la gent féminine de Quillan car on y trouvait, outre divers tissus, une grande diversité de passementeries et autres accessoires de mode. Peut-être n’avons-nous pas encore perdu toutes nos couturières, mais ces magasins ont bel et bien disparu.

Le garage de la boucherie Aragou est occupé aujourd’hui par le journal « la Dépêche ».
La boucherie Aragou, elle, faisait angle avec la rue de la Mairie. Cette famille vit encore dans l’immeuble.

La vitrine de la pharmacie Rey-Dussert, devenue plus tard Gaston Prévost, s’ouvrait sur la place de la République.

Divers services administratifs occupaient l’autre partie de l’immeuble Sauzède dont le Tribunal de Simple Police (Justice de Paix) et surtout la Poste. C’était le temps où les préposées au téléphone enfonçaient à longueur de journée des fiches dans de gros distributeurs et ne manquaient pas de saisir au passage quelques bribes savoureuses des communications intimes.

Souvenirs, souvenirs d’un coin de ma petite ville qui a connu jadis une si grande activité.

 

Vincent Albas

 

Eglise Notre Dame Quillan
Le Chœur de l'Eglise Quillan
Rue Anatole France

Rue Anatole France

 

 

La rue Anatole France

Par Jean Sylvestre

Cette rue suit le cours initial du ruisseau « Le Coulent ». Cet affluent de l’Aude a vu son cours modifié dès le XIIIe siècle pour permettre la construction de la « muraille » qui protégeait le bourg au nord et à l’ouest.
Un grand bâtiment dont la construction daterait de la fin du XVIIe siècle, bordait cette rue.
Aucun vestige n’a été conservé de cette vénérable bâtisse. Elle avait été construite par les Dominicains sur les ruines de l’ancien couvent des Augustins. Un portail au fronton de forme triangulaire portait l’inscription « Charité » et s’ouvrait face la rue Droite.

Les Dominicains se maintinrent dans ces lieux jusqu’en 1790.
Un hôpital-hospice fut rouvert en 1793 : les médecins Arcens et Cauneille, les pharmaciens Deville et Francezon furent réquisitionnés.
Cet hôpital resta en activité durant les guerres napoléoniennes. Cette rue se nomma donc longtemps : rue de l’Hôpital.

 

Après l’incendie de la Maison Nationale (place de la République), les services municipaux occupèrent une partie de ces locaux. Ils s’y installèrent définitivement à la fin de l’Empire. Des réparations s’avéraient nécessaires pour rendre habitable cette maison commune ; elles furent votées en 1827 par le conseil municipal présidé par la maire Louis Roillet. Elles furent destinées à la réfection des parquets et au blanchiment des murs.

En 1851, le maire, Théodard Canavy, dans un exposé, explique l’impossibilité de rendre la mairie propre et convenable et propose d’acheter un vaste immeuble en plein centre ville, où il sera possible, à moindre frais, d’installer les services municipaux, la salle de classe et le logement de l’instituteur. Le prix de cet immeuble qui appartient au sieur Poulhariès est de 12 000 francs. La proposition du maire est acceptée. Une partie du vieil immeuble de l’ancienne mairie fut mise à la vente. L’aile située à l’ouest fut divisée en deux partie mitoyennes ; dans les années 1920 la famille Lestendie occupait la partie qui faisait angle avec la place Paulin Nicoleau, la famille Bousquet tenait la boulangerie dont la devanture s’ouvrait sur l’actuelle rue Anatole France.

Déjà en 1883, les vieux immeubles qui rétrécissaient, sur le boulevard, l’entrée de la rue de l’ancienne Mairie avaient été achetés puis démolis. Il s’agissait d’établir la chaussée.
C’est sans doute à cette époque que le nom « ancienne Mairie » fut définitivement adopté. La rue demeura ainsi nommée jusqu’à la fin des années 1920.
La municipalité « radical-socialiste », parti anticlérical et qui avait largement contribué à faire voter les lois laïques de 1905, voulut honorer Anatole France qui s’était éteint le 12 octobre 1924. Il était considéré comme le plus grand auteur français du XXe siècle pour la majesté et l’élégance de son style, mais aussi son anticléricalisme qu’il afficha lors de l’affaire Dreyfus à côté de Zola. Élu à l’Académie Française en 1896, il avait reçu le prix Nobel de Littérature en 1921.
La rue de l’ancienne Mairie devint la rue Anatole France.
Elle le demeura jusqu’au 13 mai 1941. En effet, la municipalité mise en place le 1er mars 1941 par le préfet de l’Aude, aux ordres de Vichy, décide dans sa séance du 13 mars 1941 de changer le nom des rues :

La rue Anatole France s’appellera rue de l’Ancienne Mairie ;
La rue de l’Église s’appellera rue Notre Dame ;
La place de la République s’appellera place Nationale.

 

Déjà, le 7 mars 1941, le boulevard des Écoles et le boulevard Jean Jaurès ne formèrent plus qu’une seule avenue appelée : boulevard du Maréchal Pétain.
Anatole France ne représentait plus les idées du moment. Le maréchal Pétain et le gouvernement de Vichy prônaient le retour aux valeurs religieuses et à un certain antisémitisme. Anatole France n’avait plus droit de cité. La rue reprit son ancien nom : « rue de l’ancienne Mairie ».

Après l’armistice de 1945, elle redevint, juste retour des choses, la rue Anatole France. « La rue de l’Église » et « la place de la République » retrouvèrent leur ancienne appellation.
Après l’armistice, dès 1945, ces rues et la place retrouvèrent leur nom perdu.
Dans une séance du Conseil Municipal du 30 avril 1947, nous retrouvons les propositions de M. Cosialès puis de M. Baudru quant à la réparation de la rue Anatole France.

 

L’importance de cette rue au début du XXe siècle

 

Ouverte sur le boulevard, cette rue va profiter de la construction de la voie ferrée Carcassonne-Quillan, mise en service le 1er juillet 1878, puis celle de Quillan-Rivesaltes en 1903, de l’installation de la poste sur la place de la République en 1904 et de l’ouverture de l’école des filles sur le boulevard. Cette rue devient alors une artère vitale de la ville.
J’avais 4 ans lorsque mes parents sont venus habiter au numéro 12. Cette rue m’était donc très familière car c’est là que j’ai vécu mon enfance et mon adolescence. C’était une rue très passante et animée par de nombreux commerces.

 

Au départ de la place de la République, et côté droit,

 

se trouvait la quincaillerie dont la fille Mme Soubreby était une excellente brodeuse, puis les maisons d’Élie Chaubet et d’Olive-Seyès dont le mur en galets de rivière était arrondi (sans doute construit au bord du Coulent) et celle de Baruteau, mitoyenne de celle d’Alphonse Millet (maçon) et de son épouse Jeanne. Ces maisons ont été détruites dans les années 1980 et remplacées par la nouvelle perception et des logements sociaux.

Nous arrivons au croisement de la rue du Pays de Sault, aujourd’hui « rue Félix Erminy ». L’immeuble suivant appartenait à la famille Cauneille : leur maison d’habitation s’ouvrait sur cette rue et leur magasin de chaussures sur la rue Droite (la rue Félix Armand). Plus tard leur fils, Jean Cauneille, en fit la crémerie « La maison du fromage ». L’ensemble a été démoli pour élargir la rue.

Passée la rue Droite, rebaptisée Félix Armand, et à l’angle, habitait la famille Olive dont les deux fils Jean et Maurice ouvrirent chacun une usine de fabrication de meubles. Mes parents avaient acquis la maison mitoyenne où j’ai vécu mon enfance et mon adolescence. C’est là que ma mère dirigea un atelier de couture jusqu’en 1928. J’ai occupé plus tard cette maison avec mon épouse et mes deux enfants pendant plus de dix ans.

Après « la rue du Berger », on trouvait Marie Pradiès, sage-femme diplômée. Cette maison fut ensuite louée par la famille Bonnaure. Elle fut achetée plus tard par M. et Mme René Galy.

Dans l’immeuble suivant vivaient Maria et Antoine Garas, les propriétaires, et la famille Bénassis qui devait plus tard acheter cette maison.
L’épicerie « Marie Miquel » fut remplacée ensuite par le salon de coiffure pour homme Antoine Jordy. Le propriétaire Clovis Saurel logeait au premier étage.
Venaient ensuite les Daniel dont la maison reste abandonnée depuis le décès de leur fils Auguste.
Nous passons l’impasse Marcou pour trouver le ferblantier Louis Chanaud à qui ont succédé son fils et son petit-fils Michel, devenus plombiers.

Partons toujours de la place de la République, mais côté gauche.

La maison de la famille Artigue et plus tard Fratacci touchait la boucherie Rivière « Ginolette », devenue ensuite la boucherie René Galy. L’échoppe du sabotier Vidal faisait angle avec la petite rue Racine et face à la maison des Tailhan où ont longtemps habité les Mestre ; après eux, la famille Tisseyre, dit « Laprestur », l’occupa. Marie-Louise Saunière, la rempailleuse de chaise faisait tremper ses fagots de « bose » dans le petit ruisseau qui coulait toujours de part et d’autre de cette rue.

On trouvait ensuite l’épicerie Fouchac, tenue plus tard par les Rieux, et deux maisons dont celle de Marinette Calmet, épouse Rouan, qui eut deux fils dont l’un, Jean, fut international à XV. La rue était alors coupée par la rue Joseph Erminy. Depuis la démolition de l’immeuble dit de l’Ancienne Mairie, elle s’ouvre sur la place Paulin Nicoleau. La boulangerie Bousquet occupait la partie ouest de cet édifice et donnait aussi sur la rue du Berger qui menait alors à cette place. Ce magasin fut tenu tour à tour par Henri et Noélie Millès puis par Édouard et Marguerite Brualla et enfin par Élie et Marcelle Aveilha.

Passée la rue du Berger, se trouvait la maison de Prospérine, la repasseuse. C’est là que s’installèrent plus tard M. et Mme Massette qui ouvrirent une épicerie « Fruits et Légumes ». Les Rolland leur succédèrent ensuite.

Leurs voisins étaient les Courtade (Hyppolite et sa femme Julie) ; ils avaient un magasin de chaussures. Ils vendaient aussi des plants de légumes et les produits de leur potager. Ils allaient même les proposer dans le pays de Sault avec leur carriole bâchée tirée par un cheval ; l’écurie se trouvait derrière la maison dans une cour dont l’accès s’ouvrait sur la place Paulin Nicoleau. Leur fils Paul était « fontainier ». C’était aussi là qu’habitaient leurs petits-fils Pierrot Courtade et son frère Jean, créateur de « Quillan Information », le premier bulletin à rappeler le passé de Quillan.
Venait ensuite la remise des Soubreby avec l’écurie du mulet. Les Argence dits « Ratichots », anciens charcutiers, vivaient au rez de chaussée de la maison mitoyenne ; ils louaient les étages.
Enfin à l’angle de la rue donnant sur le boulevard Jean Bourrel, le café Bouchou réunissait tous les soirs les anciens de Quillan autour d’un « panaché ». Alors, les échos de leurs chansons (le temps des cerises, les blés d’or) égayaient tous le quartier car il était coutume pour les riverains de sortir les chaises et de prendre le frais devant la porte.

 

Hôpital de la Charité rue Anatole France Quillan

Hôpital de la Charité rue Anatole France

L’immeuble a été détruit dans les années 1990

Hôpital de la Charité rue Anatole France

Qui fut aussi couvent

Ici côté Place Paulin Nicoleau dite « Placette »

Place de la République

Place de la République

 

 

La place de la République, c’est notre place de l’Étoile à nous, gens de Quillan.

 

D’après Vincent Albas

En effet, c’est de là que partent, si nous prenons le sens inverse des aiguilles d’une montre: la rue de la Rhode et le quai du Pouzadou (en empruntant le Pont Vieux ) puis, la Grand’Rue Vaysse Barthélémy jusqu’au rond point Docteur Marx, la rue de la Mairie qui nous amène à la rue de la Paix, la rue de l’Église que j’ai fréquentée quatre fois par jour durant ma scolarité; vient ensuite la rue Anatole France, qui fut un temps rue de l’Ancienne Mairie. C’était jadis une rue très passante, souvent déserte aujourd’hui car elle a perdu tous ses commerces, mais qui aboutit toujours au boulevard Jean Bourrel et ouvrait autrefois l’accès vers le foirail où furent construits la poste, le dispensaire et vers la route nationale, les bains douches jugés aujourd’hui inutiles et dont le bâtiment empreint d’un certain cachet abrite l’office du tourisme, enfin vers la gare.

Et voici la rue de la Hille, re-baptisée rue Julien Baudru en 1945.en hommage à un résistant, elle est prolongée par le quai de la Hille jusqu’au pont Suzanne et par la rue Jules Baux jusqu’à la route nationale.
La rue de la Hille, c’est ma rue natale, c’est là, au n° 8, que le 12 septembre 1923, j’ai vu le jour et poussé mes premiers cris. Ce fut ma demeure jusqu’en 1928, date à laquelle mon père déménagea au n° 16 rue de la Rhode car la famille s’était agrandie avec la venue au monde de mon frère Émile (Milou).

Cette place est pour moi remplie de souvenirs. Je revois les bouchers fiers de présenter aux Quillanais la belle viande qu’ils allaient leur vendre durant la semaine.
Une foule se pressait pour voir courir un pauvre animal, tenu au bout d’une longe et qui allait être abattu. La bête se frayait un passage parmi les badauds d’où s’élevaient des cris de joie et de frayeur. C’était une coutume traduite ainsi par un dicton «Si fas pas coure la vaca te croumparen pas le feje» (Si tu ne fais pas courir la vache, on ne t’achètera pas le foie).
Cette pâle corrida terminée, la vache devait passer le Pont Vieux et se diriger vers l’abattoir, il n’était pas facile de la convaincre et nos bouchers avaient fort à faire pour la persuader.

Les mercredis, notre place s’animait avec le marché de bouche. Les produits, qu’on qualifierait de bio aujourd’hui, étaient vendus par les jardiniers de Quillan: Mme Olive de la Rhode, les Bastou (dits Pessérou), Puertas du Pont Neuf, Chassou du Coulant, Barbano de l’île et d’autres encore…

Je n’ai pas parlé des réjouissances à l’occasion des fêtes nationales pour ne pas évoquer la guerre 39-45 et les heures noires de ma jeunesse.

Je ne puis oublier la Halle, c’était un bâtiment métallique, style Pavillon Baltar. Délaissé depuis longtemps, il servit cependant à la préparation de la soupe populaire puis de cuisine à un régiment de soldats belges réfugiés à Quillan après la défaite de 1940. Il fut aussi utilisé par les services municipaux qui y entreposaient divers matériels. À l’intérieur, il n’était pas rare de rencontrer des rats de très belle taille, il faut aussi préciser que le principal égout de Quillan se jetait dans l’Aude, juste au pied de ses fondations.
La façade servait de panneau d’affichage pour diverses publicités: spectacles de la Cigale, réunions publiques et annonces municipales. La Halle fut démolie après la guerre de 39-45 démolition longtemps contestée.
Jouxtant la Halle, se trouvait le Café Pech, devenu par la suite Café Journet. On y accédait par une seule porte coincée entre la Halle et la maison Ormières, une des plus belles de la ville.

Notre place accueillait aussi les foires quasiment mensuelles: foire aux cochons, aux patates, aux comportes, car nous avions à Quillan un tonnelier fabricant de barriques, cuves, cuviers à lessives et comportes. N’oublions pas la foire des vendanges et bien d’autres encore.
Tout autour de la place s’ouvraient les vitrines de plusieurs commerces: la mercerie « Gagne Petit » de la famille Pinard, la pharmacie Rey-Dussert, la quincaillerie Calvet dont je possède une pendule comtoise (marquée Calvet Quillan), la poissonnerie de Mme Fourcade dite « Babelette », l’épicerie de Louis Lauze, un établissement bancaire et la Poste de Quillan.

Les deux statues de la Liberté qui y furent érigées tour à tour avaient déjà été enlevées.

Telle était « place de l’Étoile » à nous Quillanais, sans Arc de Triomphe, toute simple mais si vivante !
Qu’importe les anecdotes que j’ai pu oublier, je ne raconte que les souvenirs d’un Quillanais dont la chance fut de naître, de pouvoir vivre au pays et d’y couler des jours heureux.

Ce texte nous a été communiqué par notre compatriote Vincent Albas.

 

Grand’Rue Vaysse-Barthélémy

Grand’Rue Vaysse-Barthélémy

 

 

Un petit tour dans la Grand’Rue : point de départ la place de la République

Origine de l’article:Vincent Albas

Association pour la préservation du Patrimoine

Côté droit (rivière) toutes les maisons sont mitoyennes et forment une digue destinée à préserver Quillan des inévitables crues de l’Aude).
Je me souviens très peu du café de Philippine Maury. La crémerie Scariola lui avait succédé, puis un bureau de tabac tenu par un ancien gendarme M. Dupont qui n’était pas des plus avenants et ensuite par M. Escaffre.

Venait ensuite le magasin de laine « Frileuse » tenu par deux sœurs célibataires.

La maison Roquefort (la jambe de bois, sans moquerie aucune) était une menuiserie. La sœur de Roquefort a vécu très longtemps et malgré sa claudication elle allait passer ses après-midis dans le jardin des bains douches.

L’artisanat avait aussi sa place dans la Grand’rue comme dans l’atelier d’électricité où Ernest Pons a initié beaucoup de Quillanais au métier d’électricien, certains de mon âge en ont gardé le souvenir.

Un passage, « La Pourtaneille », permettait d’aller jusqu’à la rivière d’Aude, c’était la voie royale des seaux hygiéniques.

Dans la maison suivante vivaient Mme veuve Fourty avec sa fille, ainsi que M. Delmas, copropriétaire de la chapellerie «et Pont» détruite par un incendie en septembre 1936, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, faute d’équipements pour lutter contre ce genre de sinistre.

L’épicerie Bénet (gros et détail), occupait deux employés, MM. Jeannet et Martin. M. et Mme Bénet venaient s’oxygéner tous les jours dans leur jardin de la Rhode. Leurs deux filles quittèrent Quillan après leur mariage dans les années 1946.

Les « Docks Méridionaux », changeaient souvent de gérant. Le dernier dont je me souvienne se nommait Routelous.

Voici l’immeuble de la famille Olmières-Moulines et nous arrivons aux Établissement Truilhet. D’abord la maison de vacances de M. Jules Truilhet (sous-préfet de Dole), puis le magasin de confection de son frère Émile Truilhet, tailleur. Son fils Jean devait lui succéder et devenir une figure emblématique de la ville.

Nous sommes au café Glacier tenu par Mme Prévost. Cette veuve avait deux fils: Clément qui géra longtemps l’établissement et Gaston devenu pharmacien, place de la République.

La maison suivante était habitée par M. Dreux, un personnage respectable. Il venait tous les jours à la Rhode passer un moment et nourrir un élevage de pigeons. Plus tard ce bel immeuble devint «’Imprimerie Moderne» de Marceau Roquefort puis celle de M. Tinéna.

La famille Capela gérait la succursale de « L’Épargne ».

Au dessus de la Banque Populaire et au premier étage, se trouvait la perception où je me souviens être allé payer les impôts de mon père.
J’ai peu de souvenirs de deux personnes (père et fils) qui allaient prendre l’air dans leur propriété de Marides.

Un immeuble, hôtel particulier du XIIe siècle, appartenait à M. Férié, le juge. J’ai gardé le souvenir d’avoir vu pénétrer par la grande porte cochère qui s’ouvre sur une cour, les propriétaires à cheval et une dame en amazone. Ce bâtiment a appartenu à M. Conte puis à ses petits enfants. Acheté par la mairie, le rez de chaussée est actuellement occupé par l’étude du notaire Me. Bernard et les étages ont été transformés en appartements.

Le salon de coiffure de M. Ceconni, puis celui d’Alice Simon, occupait l’angle de la cour de cet immeuble et la vitrine ouverte sur la Grand’rue jouxtait une ruelle « Le Courédou » qui donnait accès à la rivière.

Passé Le Courédou on trouve la pharmacie Peyre tenue d’abord par le père puis par le fils, Jean, sous la responsabilité de Mme Suzanne Bouchère, puis par M. et Mme Tribillac et maintenant par M. Alandry.

Ensuite, c’est la grande maison Fonters, Moulines, Ormières, famille à qui j’ai acheté un terrain sis à l’angle de l’avenue Michel Bousquié et du boulevard Jean Bourrel et que j’ai échangé par la suite avec un terrain municipal voisin.

La rue de la Paix traverse la Grand’rue jusqu’à la rivière et sépare la maison précédente de celle de la famille Bouchère. Là se trouvait le premier centre médical de Quillan avec les docteurs: Charles Bouchère, André Dupuy, Jean Lasserre, puis Do Quang Kim et René Paris. Madame Bouchère, quoique très âgée, vit seule dans cet immeuble.

Venait ensuite une succursale du magasin d’électricité « Pons et fils ».

La famille Boyer possédait le bâtiment suivant. Le père le transforma dans les années trente en une taverne avec piste de bal et de skating où j’ai appris à me déplacer à patins à roulettes. Le samedi et le dimanche c’était une salle de cinéma Le Familia que les frères Boyer ont exploitée longtemps, avant qu’elle ne passe sous contrôle municipal.

Un atelier de serrurerie mécanique jouxtait le cinéma. Plus tard Gaston Escudié devait l’acheter pour en faire le garage des autobus « Escudié-Guerrero ».

La chapellerie « Delmas et Pont » terminait la Grand’rue, côté rivière. Elle occupait un grand espace jusqu’à l’Aude. En 1936 un incendie se déclara dans les ateliers et j’ai vu ce grand bâtiment se consumer en peu de temps. Il n’existait pas à Quillan de matériel adéquat pour éteindre un tel sinistre. Des volontaires essayèrent en vain d’utiliser une vétuste pompe à bras. Traumatisé par cette catastrophe Émile Courtejaire (menuisier et pompier volontaire) créa aussitôt un corps de sapeurs pompiers doté de matériel adapté. Depuis le coin a bien changé et le père Mayen (chiffonnier qui squattait le Courédou ne retrouverait plus sa place.

Nous allons remonter le côté gauche de la Grand’rue vers la place de la République.

L’épicerie « Cardaillac » faisait angle avec la Promenade. C’était aussi là que les pêcheurs s’approvisionnaient en asticots (cet immeuble fut jadis l’hôtel Verdier).

La maison mitoyenne, c’était le salon de coiffure Cecconi. Charles Cecconi succéda à son père et avec son épouse ils continuèrent le métier de coiffeur jusqu’à leur retraite. C’est là qu’ils habitent toujours.

Quelques mètres plus loin, nous sommes chez le tailleur Brunet (sur mesure et confection). J’avais quatorze ans quand, à l’occasion d’un mariage, j’étrennais mon premier complet veston sorti de chez le tailleur Brunet. Au premier étage, se trouvait le studio du photographe Torrent.

Nous voici à l’angle de la rue de la Paix, où Mme Olive tenait un important magasin de chaussures.

En face, de l’autre côté de cette rue, la boutique de Mme Fabia faisait le bonheur de toute la gent féminine de Quillan (parfumerie, fards… et un assortiment hétéroclite d’objets de toilette).

Venaient ensuite les Crussol, propriétaires terriens, puis la maison Garès. Mme Garès avait la réputation de bien préparer les foies d’oie qui s’exportaient jusqu’à la cour de Russie. Sa fille ne suivit pas cette voie et préféra vivre de ses rentes. Cette maison de maître devint la propriété de Jean Rouanet instituteur retraité, il y entreprit quelques transformations.

À l’angle de la rue Molière se trouvait la maison Rousset (volailles en tous genres), le gendre, Marchanté, allait tous les lundis se ravitailler au marché de Castelnaudary.

À l’autre angle de la rue Molière on trouve la vitrine du magasin de cycles, armes de chasse et munitions tenu par Louis Escudié puis par son fils Gaston.

Tout à côté, la pâtisserie Erminy était renommée. Le père Erminy tenait la boutique pendant que le fils Félix, par ailleurs très bon pâtissier, jouait au rugby à XV. Amoureux de la musique, Félix avait aussi créé un orchestre avec quelques amis quillanais (Arné, Jouret, et Barbano entr’autres), il a aussi animé pendant longtemps la chorale du troisième âge.

Passons les quelques demeures particulières et voici le dépôt de fers des Établissements Bousquet et Utéza. Il fut occupé plus tard par un magasin de prêt-à-porter «Marka mode».

Venait ensuite la cordonnerie et magasin de chaussures des Marcerou de Cavirac, fermé après leur retraite.

Laurent Ronso possédait une belle librairie, papeterie, couronnes mortuaires, cartes postales et nombreux bibelots. Son fils François lui succéda puis sa petite fille Françoise. Le magasin a fermé quand Françoise a pris sa retraite.

La belle maison suivante appartenait à la famille Goize, commerçants de leur état. Camille Goize fut un bon joueur de rugby. Cependant, gazé durant la première guerre mondiale, il devait décéder prématurément. Marie-Louise Sylvestre (Malou) son épouse, habita cette demeure, vendue après sa mort par ses héritiers et aujourd’hui pratiquement abandonnée.

Léon Capela avait ouvert un magasin de chaussures dans la boutique occupée en ce moment par le journal l’Indépendant.

Nous arrivons chez la famille Delmas. Le père, cheminot, déménagea pour quelque temps à Carcassonne. Cependant, Mme Delmas eut la bonne idée de créer un dépôt de pain de la boulangerie Millès, sise rue Anatole France. Très vite elle y établit une jolie petite épicerie. Paul Delmas, l’un de ses fils, son épouse Solange, tragiquement disparue, et Julien ont eu le mérite d’avoir tenu cette épicerie jusqu’à une date récente. Je ne saurais trop les en féliciter. Paul me pardonnera si je ne parle pas de sa longue contribution à l’Association Sportive de Quillan, section cyclisme, créatrice du plus ancien critérium cycliste de France.

Nous voici à « Photo Baraybar » Au décès de son père, Robert Baraybar va continuer son activité durant de longues années. Son neveu, Thierry Meynier, lui succède progressivement. Rien n’a changé dans ce magasin, ni la vitrine moyenâgeuse, ni le comptoir fort encombré. Pourtant une photocopieuse et un ordinateur y ont trouvé place, modernité exige.

L’ancienne charcuterie Martel en angle avec la rue Corneille est devenue tour à tour la mercerie Gagnère, puis le magasin de prêt-à-porter « Sermo », puis après bien des modifications une vitrine de la boulangerie Audié « pain, viennoiseries, pâtisseries, pizzas » et même une distribution de plats cuisinés par l’hôtel Cartier.

La grande Maison Roques occupe l’angle opposé de la petite rue Corneille. Elle a été habitée longtemps par la famille Bernadou-Dézarnaud.

Le bel immeuble suivant était, jusqu’à un date récente, la propriété de la famille Truilhet. Mme Galy y fut pendant plusieurs années la gérante de « L’Étoile du Midi ». Plus tard il fut occupé par un bureau de tabac tenu par M. Fructus.et je me souviens que le buraliste élevait aussi des souris blanches pour les laboratoires régionaux.

Et voici la maison léguée par la famille Sauzède à la ville de Quillan et qui fait angle avec la place de la République. Cette partie du grand immeuble a été tour à tour: la poste et télégraphes jusqu’au 15 Juin 1947, puis palais de justice, logement du secrétaire de mairie, bureau de l’enregistrement et enfin le centre Cyprien Bouchère, restaurant et maison du 3e âge et aujourd’hui il abrite le CCAS de Quillan.

Nous sommes revenus sur notre place de l’Étoile, lieu privilégié pour faire courir le bœuf, accueillir les orchestres les plus réputés, organiser les foires et lancer la fameuse « Pascaline » pour clôturer les grandes fêtes d’août, la farandole des fiers Quillanais et, souvenirs, souvenirs de nos belles glissades de bambins heureux sur les plaques gelées pendant l’hiver.

Je raconte mes souvenirs. Ce ne sont peut être pas ceux de tous les enfants de mon âge, mais je ressens une grande joie de pouvoir en parler et l’écrire. Qu’importe mon grand âge, les miens me pardonneront.

Communiqué par notre compatriote Vincent Albas, aujourd’hui disparu.