Les Bords de l’Aude
Les bords de l’Aude.
Au Moyen Age, Quillan était un bourg situé sur une île, avec des rues étroites où s’entremêlaient, dans un porte à porte fraternel les maisons et les étables des troupeaux.
Ses habitants allaient puiser l’eau dans l’Aude par des voies d’accès qui s’appelaient encore au XIX° siècle : Aneille – La Courédou – La Tourette sur la rive gauche, et le Pouzadou sur la rive droite.
Textes extraient du Livre du Souvenir de Tatiana Kletzky Pradère.
Du côté du Moulin et du Pont Vieux.
Le Pont Vieux.
Quand le peuplement de la rive gauche commença, une culée de maçonnerie fut construite au pied du promontoire du château; une autre le fut en face contre la rive basse, et un pont de bois fut jeté d’une culée à l’autre.
Les culées de cette époque lointaine existent toujours et le pont de bois, entretenu par des générations successives, dura jusqu’au XVII° siècle. Puis, peu après 1659, année où fut signé le Traité des Pyrénées annexant le Roussillon à la France sous la régence d’Anne d’Autriche Mère de Louis XIV, le pont de pierre enjamba la rivière d’une seule arche, édifié avec les blocs de schiste dur provenant du château devenu inutile.
Textes extraient du Livre du Souvenir de Tatiana Kletzky Pradère.
Le vieux moulin
L’antique Moulin à Farine dit » Moulin de la chaussée haute « , avec ses neuf siècles d’existence, était le plus ancien immeuble de Quillan quand il fut rasé en août 1969 pour permettre aux poids lourds l’approvisionnement de la S.A. Formica par le Quai du Pouzadou.
Contemporain du château, déjà mentionné dans une charte de 1140 sous le règne de Louis VII Le Jeune, il contribuait à la défense du château en gardant l’accès à la précieuse eau, et était surmonté d’une « sentinelle » ou tour de garde orientée vers le pont construit alors en bois.
En 1643, l’archevêque de Narbonne le louait pour 29 ans à trois marchands : Paul Gareaud, Alex Rogerie et Antoine Loubet. Ses trois meules en activité produisaient alors 200 livres de farine.
En 1865, il y avait encore à Quillan quatre moulins en activité. L’incendie en 1873 de celui de la Chaussée Haute, réduisit ce nombre à trois car le meunier Thomas Rouzaud venu de Fougax n’étant pas assuré, ne put le reconstruire.
Vers 1955, une île où poussaient des bouleaux partageait le courant en deux. Depuis la Place de la République, cette île, le Pont Vieux, le moulin antique, le château, formaient un tableau inoubliable et inoublié.
La chaussée, mal entretenue, fut emportée peu à peu par les crues successives de la rivière (la date du 8 mai 1853 est gravée sur l’une des piles du vieux pont) 1853 – 1917-1952-1965 figurent parmi les plus terribles.
Elle disparut tout à fait lors du dragage de la rivière. Formant un magnifique plan d’eau, cette chaussée canalisait encore l’eau après la guerre de 14/18 vers un bâtiment industriel situé toujours rive droite, mais après le Pont Vieux, pour procurer la force hydraulique à une fabrique d’engrais d’abord, puis à une usine de broyage de feldspath et une fabrique de chaises appartenant à Louis Canaby décédé en 1945.
Textes extraient du Livre du Souvenir de Tatiana Kletzky Pradère.
Le Vieux Moulin
D’après le livre de André Marcel : Quillan Histoire Populaire ; extrait
Au milieu du XIXe siècle, au moins trois meuneries sont en activité à Quillan : la minoterie Ormières à la Hille, le moulin du Pont propriété de François Hipolite Florentin Debosque et le moulin des Prés, propriété de Bathilde Delmas de Belvianes. Ce dernier moulin qualifié de «< moulin à eau faisant de grains farine à deux meules sis au local d’al mouli das Pratz et mis en jeu par la rivière du Coulant, avec ustensiles tournant, travaillant, meules et dépendances » a été donné en 1830 à bail emphyteotique à Barthélémy Bertrand, meunier domicilié à Cascastel, pour un pour la somme de 450 francs par an payables par semestre et d’avance, Vers 1880, c’est son fils Antoine qui achètera le moulin et les terres environnantes aux Serrus de Chalabre, héritiers de la demoiselle Delmas. En 1882, Quillan compte cinq moulins à eau. L’activité industrielle soutenue ayant entraîné une augmentation régulière de la population, Frédéric Ormières agrandit sa minoterie en 1897.
Sans doute en raison de la concurrence de minoteries industrielles aux techniques de pointe et de la régression des productions céréalières locales, la minoterie Ormières cessera ses activités au milieu des années vingt. Peu à peu, et pour les mêmes raisons, les roues des autres moulins cesseront progressivement de tourner. Les petits moulins, tels le moulin des Prés, connaîtront un sursaut d’activité à la faveur de la seconde guerre mondiale où, tournant jour et nuit, ils vont moudre la production des petits lopins de terre remis en culture. C’est alors qu’avoine, orge, paumelle, maïs ou sarrasin remplacent le blé, tant comme succédané que pour la nourriture du bétail. Les roues du moulin des Prés, dernier moulin quillanais en activité, cesseront définitivement de tourner en 1968.
D’après le livre de André Marcel : Quillan Histoire Populaire ; extrait.
Le Pont Vieux de Quillan fait partie de l’ensemble des rives de l’Aude, inscrit comme site depuis le 13 mai 1943, dans la traversée de Quillan.
Sur le pont, l’altitude est de 324 mètres. Son nom est né par opposition au Pont Neuf construit vers 1880.
D’une longueur de 37 mètres, le Pont Vieux, construit en pierre d’appareil, possède une arche centrale en arc Surbaissé et des arches latérales en plein cintre. Les piles sont à avant bec triangulaires vers l’amont et vers l’aval. La petite arche, côté du château, n’est visible que depuis la destruction du moulin qui existait en tête de pont sur la rive droite de l’Aude.
Une pile du pont porte la date du 8 mai 1853, en souvenir d’une crue de l’Aude. La présence d’un pont à cet emplacement est attestée depuis au moins 1108.
Un moulin appartenant à l’archevêque de Narbonne existait en tête de pont, sur la rive droite de l’Aude.
Le Pont Vieux a fait l’objet de travaux de réparation en 1618, aux frais du Diocèse d’Alet, par l’entrepreneur Pierre Pichou, constructeur du pont d’Alet. Il est vraisemblable que ces réparations aient consisté au remplacement de l’ancien tablier de bois par la grande arche en pierre. A aucun moment, tout au moins à cette période-là, ne furent réemployées des pierres provenant du château.
Dans son histoire de Quillan, Louis Amiel nous apprend que l’accès à la ville par le pont se faisait par une porte ogivale (principale porte de la ville) « défendue par une herse adaptée à ses flancs massifs ». Sans doute a-t-elle été détruite au XIX° siècle lors du démantèlement des portes de la ville ou des travaux d’élargissement de la route d’accès et d’adoucissement de la pente suite à un accident mortel dont fut victime le conducteur de la diligence en 1828.
Jusqu’en 1382, l’embouchure du Coulent se situait en aval de ce pont. Le pont marque la limite entre la partie domaniale et la partie non domaniale de l’Aude.
En amont du pont et jusqu’à sa source, l’Aude appartient aux riverains ; en aval, elle dépend du domaine maritime. L’Aude n’est plus classée flottable depuis le décret du 27 juillet 1957.
Le Quai du Pouzadou.
La chaussée de l’ancien Moulin a été démolie lors du dragage de la rivière effectuée récemment pour éviter les terribles crues qui noyaient périodiquement la ville.
Dans la Grand’Rue les habitants étaient sur le qui vive dès que tombaient de fortes pluies. Les provisions étaient stockées, non dans les caves mais au premier étage et les meubles de valeur n’occupaient jamais les pièces du rez de chaussée.
La plus grande des bâtisses du quai du Pouzadou est la Maison Blum de l’usine à chapeaux Blum et Favereau.
Textes extraient du Livre du Souvenir de Tatiana Kletzky Pradère.
Les Lavandières.
Derrière l’ancien bloc social de la S.A. Formica et future maison des associations, les lavandières s’installaient sur cette petite plage, à genoux dans une sorte de caisse en bois remplie de paille, qui les protégeait des éclaboussures et de l’humidité du sol.
Après avoir étendu un drap sur le lit de graviers de la rivière pour éviter de salir de boue le linge, elles plaçaient une planche oblique devant elle, les deux pieds de devant bien ancrées dans la rive et le bois baignant dans l’eau.
Armées d’un battoir, elles tapaient à tour de bras sur le linge bien savonné qu’elles tournaient et retournaient savamment d’un coup sec du poignet. Leurs bavardages incessants, le chant des battoirs, la chanson de l’eau, les mugissements des bœufs de l’abattoir proche, sont les voix d’une certaine époque restées dans les mémoires des enfants de ce temps-là.
Parfois un drap était emporté par le courant et c’était le désespoir, la perte étant énorme pour ces pauvres gens. Le linge ainsi lavé était ensuite mis à bouillir avec de la cendre de bois, puis étendu sur « l’espandidou » à même la garrigue. Et quand On le pliait pour le rentrer, il sentait bon le Soleil, le thym et la lavande.
Textes extraient du Livre du Souvenir de Tatiana Kletzky Pradère.
Photos de gauche.
On en était pas à photoshop à l’époque, mais déjà les trucages étaient déjà présents.
Le Quartier de la Hille.
Si tous les Quillanais connaissent l’histoire du moulin du pont et la » païchère » , peut être peu se souviennent ou savent que du côté de la Hille il y avait aussi un ou des moulins. Ceux ci profitaient également de l’eau retenue par la chaussée, eau qui était forcée par un » bésal », c’est à dire un petit canal que l’on voit sur cette photo avec sa vanne de dérivation pour évacuer l’eau en trop . On voit très bien sur la droite de la chaussée le mur de soutènement du canal et l’eau évacuée par une vanne , car trop abondante pour le besoin .
Les moulins étaient dans les immeubles de la Hille , visibles à droite après l’avancée du Palace , immeubles des familles Olive et autres. Je suppose que l’eau devait ressortir sous le Palace ou dans le secteur du pont.
Commentaires: Bernard SANCHEZ.
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La Minoterie Ormières.
Derrière l’actuelle Brasserie Le Palace, le grand bâtiment abritait la minoterie Ormières qui fonctionnait encore en 1926.
Elle était alimentée par l’eau de l’Aude canalisée par la chaussée qui formait un magnifique plan d’eau.
Le Pont Suzanne n’existait pas encore.
Le Pont Suzanne
Situé en amont de la ville, le Pont Suzanne est un pont métallique sur l’Aude reliant l’avenue de Cancilla aux boulevards, il a été financé par Jean Bourrel.
Ce pont, de type ferroviaire, est de facture identique aux ouvrages construits entre 1880 (Période Eiffel) et les années mille neuf cent trente. Il est constitué de deux poutres métalliques latérales en treillis métallique riveté, reliées par des entretoises portant deux longerons, un caillebotis de remplissage et deux trottoirs métalliques latéraux.
Sa portée est de 36,8 mètres. C’est le 8 mars 1928, que le conseil municipal autorisa Jean Bourrel, maire de la ville et propriétaire des usines de chapellerie du même nom, à prendre un point d’appui sur la rive gauche de l’Aude à la Hille afin d’édifier cet ouvrage.
Pour faciliter l’accès à son usine, Jean Bourrel fit construire en 1927 un pont métallique enjambant l’Aude, auquel il donna le prénom de sa fille Suzanne. Ce pont fut inauguré par le Président de la République Paul Doumergue le 23 juillet 1928.
Jean Bourrel, pose ici avec les ouvriers bâtisseurs du pont.
Du Pont Vieux au Pont Neuf.
Le Pont Neuf Situé avenue François Mitterrand, le Pont Neuf a été construit sur l’Aude vers 1880 afin de permettre le passage de la route nationale sur le tracé de contournement de la ville.
Aujourd’hui, la route est départementale et porte le numéro 118. Après avoir envisagé de faire traverser la ville par les routes nationales 117 et 118, c’est en 1875, qu’est arrêté le principe d’un tracé hors de la ville.
L’arrêté d’expropriation ne sera publié que le 26 août 1879. Aujourd’hui, les routes et le pont sont englobés dans l’agglomération et sont devenus l’axe principal de traversée de la ville.
La chaussée de la première usine électrique de Quillan, qui alimentait aussi la scierie Olard.