PAGE RAOUL DE VOLONTAT
Raoul de Volontat était le fils de Joseph, Louis de Volontat, conducteur de trains et de Marguerite Conte âgés respectivement de trente-six et de trente—cinq ans en 1911. Le couple était domicilié à Narbonne, 7 avenue d’Espagne.Il se maria le 19 avril 1934 avec Lucienne, Marie, Joséphine Salles à Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales). Le couple avait un fils, Bernard.
Joueur de rugby, Raoul de Volontat était instituteur à Quillan, grosse bourgade industrielle des Pyrénées audoises. Militant de gauche, il sut venir en aide à des réfugiés de la Retirada. Il fut, par exemple, le mentor du jeune réfugié libertaire Henry Melich qui fut son élève et chez qui il sut détecter une attirance pour la littérature et à qui il donna des cours qui lui permirent d’apprendre rapidement le français.
Raoul de Volontat s’illustra comme animateur de la Résistance dans la haute vallée de l’Aude. Au début de 1942, contacté par Pierre Degon et sa femme, il devint le chef du mouvement Franc-Tireur dans la haute vallée de l’Aude. Il fut bientôt en relation avec le médecin luxembourgeois Charles Marx, lui aussi un des résistants en vue de Quillan.
Raoul de Volontat qui avait intégré les MUR après la fusion entre Franc-Tireur et Combat en assura la direction avec le docteur Marx et Pierre Degon. Il fut plus particulièrement chargé de l’AS dont il assura la direction. Il l’organisa dans l’ensemble des Pyrénées audoises, la haute vallée de l’Aude, Donnezan ariégeois inclus, et le pays de Sault. Avec ses équipes réparties dans plusieurs villages, il prit en charge les réfractaires au STO, jetant les bases de la constitution de maquis AS (Picaussel dans la pays de Sault, Roc Blanc dans le Donnezan) en assurant dans un premier temps leur camouflage dans des entreprises forestières comme celle de Marcel Journet fabricant de charbon de bois à Montfort-sur-Boulzane (Aude). Raoul de Volontat prit également en charge l’acheminement vers Quillan d’équipages d’avions alliés abattus au dessus des territoires occupés par les Allemands.
Toujours en 1942, et en complément de sa tache de récupération d’aviateurs, de Volontat participa au fonctionnement des filières d’évasion vers l’Espagne qui concernèrent aussi des réfractaires au STO et d’autres « évadés de France » désireux de gagner l’Angleterre ou l’Afrique du Nord via l’Espagne. Il fut efficacement secondé par l’ingénieur suisse, naturalisé français en 1935, Ernest Zaugg. Employé par la SMTF (Société méridionale de transport de force), entreprise hydroélectrique, Zaugg était chargé depuis le 1er mai 1941 des travaux de l’usine d’Usson dans la haute vallée de l’Aude, mais dans le Donnezan, région de la haute vallée de l’Aude (rive gauche) rattachée cependant au département de l’Ariège. Lui-même résidait à Rouzé (Ariège) dans le Donnezan. Bien que résidant en Ariège, Zaugg et les résistants de l’AS du Donnezan furent rattachés à son organisation audoise. En aval, ill était en contact avec de Volontat et Marx. Plus en amont, il était en relation avec les résistants du Capcir et de la Cerdagne qui animaient des filières de passage vers l’Espagne (Voir Parent André, Soubielle Sébastien). Du Donezan, Zaug faisait aussi fonctionner une filière vers la haute vallée de l’Ariège puis l’Andorre (Henry Melich en fit partie ainsi que les frères André et Lucien Tichadou, fils de Lucia Tichadou) qui fonctionna jusqu’en septembre 1943. De Volontat participait très activement à leur fonctionnement.
L’intense activité résistante de Raoul de Volontat attira l’attention de la Sipo-SD qui, la veille de son arrestation avait dépêché à Quillan l’Alsacien René Bach, son interprète à Carcassonne. Les policiers allemands firent irruption devant les élèves de sa classe de certificat d’études de Quillan. Son arrestation n’en provoqua pas d’autres mais contribua à la désorganisation momentanée de l’AS de la haute vallée de l’Aude qui allait cependant être reconstituée depuis Quillan par Maurice Lajou, officier de l’armée de l’Air en disponibilité.
Il fut sans doute incarcéré à la prison Saint-Michel de Toulouse (Haute-Garonne) comme beaucoup de résistants audois arrêtés par les Allemands. De là, il fut transféré au camp de Royallieu à Compiègne (Oise) qu’il quitta le 22 janvier 1944 avec le convoi ferroviaire à destination de Buchenwald (Thuringe, Allemagne). Arrivé à Buchenwald le 24 janvier, il fut transféré le 24 février 1944 au camp de concentration de Mauthausen (Autriche). Affecté le 9 mars 1944 au commando annexe d’Ebensee, il y mourut sans doute le 28 de ce même mois (« dit mort à Ebensee le 28 mars » d’après le site MemorialGenWeb, op. cit.). Déporté, il confia à un autre Audois déporté à Mauthausen, Gaston Veze : « Je suis bien content, ils n’ont pas réussi à me faire parler ».
À Quillan, on donna son nom à l’école où Raoul de Volontat exerça. Elle est aujourd’hui désaffectée. Une plaque commémorative et son portait ont été fixés dans la salle de classe où il fut arrêté. Il existe une place Raoul-de-Volontat à Quillan. Son nom figure sur le monument aux morts de Quillan, sur le monument commémoratif des instituteurs de l’Aude morts pendant les deux guerres mondiales à Carcassonne, au mémorial des morts du maquis AS de Picaussel à Puivert (Aude) qu’il avait contribué à créer et qui affronta victorieusement les Allemands les 6 et 7 juillet 1944. Le site de la FMD (op. cit.) orthographie de façon erronée son patronyme : « Le Volontat ». Raoul de Volontat a été déclaré « mort pour la France » et, le 24 octobre 2001, « mort en déportation ».
Source: https://maitron.fr/spip.php?article185389