Charles Marx
Charles Marx (1903-1946) Médecin, homme politique luxembourgeois et grand résistant dans le sud de la France.
Cet homme est un héros quasi oublié de la résistance. Peut être dû à sa nationalité luxembourgeoise..
Voici un résumé de sa vie..
Fils de Louis, représentant de commerce et d’Élisabeth. Prénommé Karl à sa naissance, il se fit appeler, plus tard, Charles pour éviter les plaisanteries déplaisantes qu’il subit.
Il fut marié à Lucienne Aubouéron et ensuite à Fernande Vasilescu, jeune femme roumaine très impliqué dans la défense des femmes, avec qui ils adoptèrent deux enfants, Élisabeth (1938-1943), Guy (né en 1943).
Il suivra une scolarité normale jusqu’au secondaire effectué au lycée Grand Ducal de Luxembourg. A 17 ans il milita au jeunesses Socialistes luxembourgeoises dont il fut l’un de ses fondateurs. Qui devinrent Jeunesses communistes par la suite, à son initiative 2 ans plus tard. Il dut quitter le Grand Duché pour poursuivre ses études de médecine, pour venir à Strasbourg puis à Paris. Il connut l’éminent Louis Pasteur Valléry Radot qui lui apporta son soutien dans sa thèse de médecine et se spécialisa dans la gynécologie et dans la chirurgie de l’estomac.
Il revint au Luxembourg en 1936 fonder une clinique qui obtint très vite un fort succès. Il fit appel à des religieuses alsaciennes de Niederbronn (Bas-Rhin), de la Congrégation du Très Saint Sauveur, pour y assurer les soins.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, le Luxembourg étant encore en dehors du conflit, il aida et soigna deux aviateurs français, blessés après la chute de leur appareil en territoire luxembourgeois. Ceci incita Vichy à entreprendre une action en justice contre Marx et ses confrères. Celle ci aboutit à une condamnation à huit mois de prison.
Lorsque les allemands entrèrent au Luxembourg, il se réfugia à Nevers puis à Montpellier, il organisa, la Croix-Rouge luxembourgeoise en France ce qui lui permit de venir en aide à des compatriotes réfugiés en France.
En novembre 1940, il reprit la clinique « Docteur Deixonne » de Quillan dans les Pyrénées audoises appartenant au docteur Fabregat de Perpignan. Il en assura la direction jusqu’en mai 1943. Cet établissement fut « bientôt le cerveau de la première organisation de Résistance de la Haute Vallée de l’Aude ». Il était un membre important du mouvement « Combat » qu’il représentait localement. Dans sa clinique, il rencontrait aussi Pierre Degon, de « Franc-Tireur » dont le chef local était l’instituteur Raoul de Volontat.
Les deux mouvements bientôt regroupés dans les MUR, « travaillaient » aussi dans le cadre de réseaux actifs dans l’organisation, via les Pyrénées-Orientales ou l’Ariège et l’Andorre, des passages vers l’Espagne. Le docteur Jean Patounas de Montpellier l’avait rejoint le 8 février 1941, en ignorant rien de l’activité clandestine du Luxembourgeois. Dans son témoignage recueilli par Lucien Maury, Patounas expliqua plus tard : « L’activité de la clinique était grande, les séjours des pseudo-malades y étaient de courte durée, la clientèle de passage variée et internationale… Je n’ai pas été long à comprendre et à entrer dans le jeu. L’infirmière luxembourgeoise était remarquable, Madame Marx aussi, Marguerite Benet qui devait de venir ma femme, faisait aussi partie de l’organisation. »
Parmi les résistants, il y avait le docteur Martre de Belcaire (Aude), qui était un des maillons de plusieurs réseaux de passage en Espagne, via le Capcir, la Cerdagne et l’Andorre. Il y avait aussi Ernest Zaugg, ingénieur suisse et naturalisé français en 1935, employé par Société méridionale de transport de force (SMTF) qui dirigeait les travaux de la centrale d’Usson, qui fournissaient à la SMTF de la main-d’œuvre parmi des fugitifs traqués pour leurs opinions politiques ou leur judaité et candidats à un passage en Espagne. Zaugg organisa en plus, avec d’autres résistants du Donnezan un maquis, dit « maquis du roc Blanc », où furent regroupés certains réfractaires du STO.
Marx n’oubliait pas pour autant le Luxembourg. Sa clinique de Quillan fut un relais pour la filière de renseignement luxembourgeoise « Famille Martin » intégrée au réseau « Mithridate » du BCRA et dirigée depuis Luxembourg par le docteur Fernand Schwachtgen et de Marseille par Walter Hamber. Il mit en place les deux réseaux luxembourgeois « Ligne Charlotte » et « Ligne Élisabeth » dont Albert Ungeheuer et Charles Reiffers étaient des agents ou courriers.
L’occupation de la zone Sud par les Allemands rendit difficile l’activité clandestine de Marx depuis la clinique de Quillan. D’après Henri Noguères, Charles Marx devint en avril 1943 adjoint du Dr. Mayer pour la direction du Service social des MUR pour la zone Sud. Il céda son établissement, en mai 1943 et plongea, avec Raoul de Volontat, dans la clandestinité la plus totale. Il aurait été condamné à mort par contumace par le tribunal de Perpignan ou celui de Montpellier selon certaines sources luxembourgeoises. Mais, en décembre 1943, il rejoignit les rangs du Front national, puis il fut chargé du service sanitaire de la Résistance dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, en janvier 1944, en étant médecin commandant des FFI. Il s’efforça d’organiser des cliniques secrètes pour les maquis et les résistants traqués comme à Sarlat en Dordogne avec son ami le docteur Schumacher.
Les 2 et 3 septembre 1944, Marx, commandant FFI, participa aux combats de la libération de Lyon (Rhône).
En octobre 1944, il devint délégué du conseil médical de la Résistance, attaché auprès du cabinet du ministre de la Santé publique le communiste François Billoux, à la disposition du secrétaire d’État Louis-Pasteur Valléry-Radot qu’il avait connu pendant ses études à Paris. En novembre, ayant réintégré l’Armée française comme FFI, il participa à la mise en place des structures médicales et chirurgicales franco-américaines.
Charles Marx rentra au Luxembourg à la fin de juillet 1945 et fut l’un des cinq députés du parti communiste Luxembourgeois, élus aux législatives en octobre de la même année. Puis entra au gouvernement d’union nationale présidé par le chrétien-social Pierre Dupong, nommé ministre de l’Assistance sociale et de la Santé publique. Avec de faibles moyens (1 % du budget de l’État), il entreprit de moderniser la santé publique luxembourgeoise. S’inspirant de l’exemple français du Front populaire, il envisagea des transformations à long terme, qui suscitèrent des oppositions au sein du gouvernement où il siégeait. Il eut le temps, de faire voter une loi, l’obligation de signaler les maladies infectieuses, de créer un Conseil national pour la protection de la mère et de l’enfant et, de la restructuration de la Santé publique.
Le 13 juin 1946, il fut victime d’un accident d’automobile sur la route de Paris à Luxembourg, au cours duquel, Fernande, sa femme, succomba sur le coup. Charles Marx mourut à l’hôpital de Meaux, trois heures après l’accident, sans avoir repris connaissance. Leur automobile avait été heurtée par un véhicule militaire. Les circonstances de cet accident donnèrent lieu à des spéculations. À la suite de l’accident, les drapeaux furent mis en berne au Luxembourg. Marx et sa femme furent inhumés le 17 à Luxembourg-ville en présence du prince Jean de Luxembourg, des militants du KPL et d’une foule nombreuse.
Il était titulaire le la Croix de guerre avec étoile de vermeil, de la Médaille d’honneur du Service de la Santé militaire, de la médaille de la Résistance qu’il avait reçue personnellement du général de Gaulle. Proposé comme commandeur de la Légion d’honneur, sa nomination décrétée en bonne et due forme ne parvint à l’ambassade de France à Luxembourg que trop tard..
Le gouvernement luxembourgeois lui décerna la Croix de l’ordre de la Résistance à titre posthume.
C’est d’ailleurs – peut-on supposer – à cause de cette homonymie avec «Karl Marx », qu’un seul boulevard à Luxembourg-ville et un square à Ettelbrück portent le nom du docteur Charles Marx.
Notons qu’un square récemment et joliment restauré, porte son nom à Quillan.
Le général Koenig prononça ces mots: « Chirurgien d’une haute valeur morale et professionnelle qui a préféré quitter son pays que de vivre sous le joug de l’ennemi. Résistant de première heure qui a su s’imposer à tous par son calme et son sang-froid à toute épreuve, toujours sur la brèche, n’hésitant pas à payer de sa personne aux instants les plus critiques. Il a consacré une inlassable activité à la cause de la Résistance ; a été un des artisans de la mise en place du Service de santé de la Résistance en zone Sud. A donné tous les plus beaux exemples de courage et d’abnégation dans la lutte contre l’envahisseur. (…) »
Pseudonymes de Résistance :
« Charles Martinot » (1943),
« Charles Hauvignier » (1943),
« Commandant Renaud » (1944)
Différentes sources Web : Parti communiste luxembourgeois, le maitron..
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